Qu’est-ce que l’endométriose

L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique, qui consiste en la présence en dehors de l’utérus de fragments de tissus semblables à l’endomètre ( la muqueuse qui tapisse de l’intérieur l’utérus ) Ces fragments sont localisés à l’intérieur de l'abdomen, où ils peuvent se greffer sur le péritoine, une fine membrane qui recouvre tous les organes intra-abdominaux (endométriose péritonéale ou superficielle), ou bien au-delà de cette membrane, en profondeur, où ils infiltrent la musculeuse des différents organes ou structures anatomiques (endométriose profonde sous-péritonéale). Ces fragments de tissu, appelés “lésions d’endométriose”, de dimensions variables (allant de quelques millimètres à plusieurs centimètres), ont le potentiel de croître et de se disséminer par des poussées rythmées par les règles.

Le mécanisme d’apparition des lésions d’endométriose est partiellement connu, et plusieurs théories essaient de l’expliquer. Certaines lésions sont probablement liées au reflux du sang menstruel à travers les trompes. Chez les patientes atteintes d’endométriose, il existe probablement une fixation anormale des cellules d’endomètre sur le péritoine. Cette théorie de l’implantation a longtemps dominé la littérature scientifique. Il est évident que les cellules d’endométriose ne sont pas de simples cellules transplantées de l’utérus vers l’abdomen, et que d’autres mécanismes interviennent dans l’apparition des lésions d’endométriose. D’autres sont probablement le résultat d’une transformation des cellules normales (métaplasie) en cellules pour l’endométriose. Cette théorie peut expliquer l’apparition des kystes d’endométriose des ovaires, ainsi que les lésions apparues à distance du pelvis. Enfin, une théorie récente met l’accent sur les transformations épigénétiques survenues dans les cellules endométriales normales, qui seraient à l’origine de l’apparition des lésions d’endométriose intra abdominales.

La croissance des lésions d’endométriose conduit à l’apparition de lésions de plus en plus volumineuses, qui peuvent envahir et infiltrer les organes du pelvis ou de l’abdomen : les ovaires, les trompes, le vagin, mais aussi le colon, le rectum, la vessie, les uretères, le diaphragme ou, plus rarement, les nerfs sacrés ou les nerfs sciatiques. Ces lésions d’endométriose peuvent se comporter comme de véritables tumeurs bénignes qui infiltrent et déforment les organes et perturbent leur fonctionnement normal, en accentuant les douleurs liées à l’inflammation et la rencontre des gamètes qui ne se fait plus dans un milieu adéquat.

Nous avons l’impression que la prévalence réelle de l’endométriose est en constante augmentation au cours des dernières décennies. Une de ces explications incrimine l’augmentation du nombre de règles dans la vie d’une femme. En effet, au cours des dernières décennies, l’augmentation de l’âge de la première grossesse, la réduction du nombre des grossesses, la réduction de la durée d’allaitement, ont réduit mathématiquement la durée d’aménorrhée physiologique dans la vie des femmes. L’endométriose, dont le développement est directement lié aux règles, serait donc plus à même de progresser. D’autres hypothèses suspectent un rôle des polluants et des perturbateurs endocriniens dans l’augmentation du risque d’apparition et du développement de l’endométriose. La plupart des spécialistes de cette maladie s’accordent sur le caractère probablement multifactoriel du mécanisme d’apparition et de développement de l’endométriose, ainsi que sur le potentiel peut évolutif de cette maladie.